Charles

Perrault

Contes de Fées

Märchen

Übersetzung von Ulrich Friedrich Müller
Illustrationen von Louise Oldenbourg
Synchronisation: Doppeltext

Titelblatt

La Belle au Bois Dormant

Le Petit Chaperon Rouge

La Barbe-Bleue

Le Maître Chat ou Le Chat Botté

Les Fées

Cendrillon ou La Petite Pantoufle de Verre

Riquet à la Houppe

Le Petit Poucet

Nachwort des Übersetzers

Informationen zum Buch

Leseprobe: Nouvelles classiques

Impressum

La Belle au Bois Dormant

Il était une fois un roi et une reine, qui étaient si fâ­chés de n’avoir point d’en­fants, si fâ­chés qu’on ne sau­rait dire.
Ils al­lèrent à toutes les eaux du monde: vœux, pè­le­ri­nages, me­nues de­vo­tions, tout fut mis en œuvre, et rien n’y fai­sait.
En­fin pour­tant la Reine de­vint grosse, et ac­cou­cha d’une fille.
On fit un beau bap­tême; on don­na pour mar­raines à la pe­tite prin­cesse toutes les fées qu’on put trou­ver dans le pays (il s’en trou­va sept),
afin que cha­cune d’elles lui fai­sant un don, comme c’était la cou­tume des fées en ce temps-là, la Prin­cesse eût par ce moyen toutes les per­fec­tions ima­gi­nables.
Après les cé­ré­mo­nies du bap­tême toute la com­pa­gnie re­vint au palais du Roi, où il y avait un grand festin pour les fées.
On mit de­vant cha­cune d’elles un cou­vert ma­gni­fique, avec un étui d’or mas­sif,
où il y avait une cuiller, une four­chette, et un cou­teau de fin or, gar­nis de diamants et de ru­bis.
Mais comme cha­cun pre­nait sa place à table, on vit entrer une vieille fée qu’on n’avait point priée
parce qu’il y avait plus de cin­quante ans qu’elle n’était sor­tie d’une tour, et qu’on la croyait morte, ou en­chan­tée.
Le Roi lui fit don­ner un cou­vert, mais il n’y eut pas moyen de lui don­ner un étui d’or mas­sif, comme aux autres,
parce que l’on n’en avait fait faire que sept pour les sept fées.
La vieille crut qu’on la mé­pri­sait, et gromme­la quelques me­naces entre ses dents.
Une des jeunes fées qui se trou­va au­près d’elle, l’en­ten­dit, et ju­geant qu’elle pour­rait don­ner quelque fâ­cheux don à la pe­tite prin­cesse,
alla, dès qu’on fut sor­ti de table, se ca­cher der­rière la ta­pis­se­rie, afin de par­ler la der­nière,
et de pou­voir ré­pa­rer au­tant qu’il lui se­rait pos­sible le mal que la vieille au­rait fait.
Ce­pen­dant les fées commen­cèrent à faire leurs dons à la Prin­cesse.
La plus jeune lui don­na pour don qu’elle se­rait la plus belle per­sonne du monde;
celle d’après qu’elle au­rait de l’es­prit comme un ange; la troi­sième qu’elle au­rait une grâce ad­mi­rable à tout ce qu’elle fe­rait;
la qua­trième qu’elle dan­se­rait par­fai­te­ment bien; la cin­quième qu’elle chan­te­rait comme un ros­si­gnol;
et la sixième qu’elle joue­rait de toutes sortes d’instru­ments dans la der­nière per­fec­tion.
Le rang de la vieille fée étant venu, elle dit en bran­lant la tête, en­core plus de dépit que de vieillesse,
que la Prin­cesse se per­ce­rait la main d’un fu­seau, et qu’elle en mour­rait.
Ce ter­rible don fit frémir toute la com­pa­gnie, et il n’y eut per­sonne qui ne pleu­rât.
Dans ce mo­ment la jeune fée sor­tit de der­rière la ta­pis­se­rie, et dit tout haut ces pa­roles:
«Ras­su­rez-vous, Roi et Reine, votre fille n’en mour­ra pas.
Il est vrai que je n’ai pas as­sez de puis­sance pour dé­faire en­tiè­re­ment ce que mon an­cienne a fait: la Prin­cesse se per­ce­ra la main d’un fu­seau;
mais au lieu d’en mou­rir, elle tom­be­ra seule­ment dans un pro­fond sommeil qui du­re­ra cent ans,
au bout des­quels le fils d’un roi vien­dra la ré­veiller.»
Le Roi, pour tâ­cher d’évi­ter le mal­heur an­non­cé par la vieille, fit pu­blier aus­si­tôt un édit,
par le­quel il dé­fen­dait à toutes per­sonnes de fi­ler au fu­seau, ni d’avoir des fu­seaux chez soi sur peine de la vie.
Au bout de quinze ou seize ans, le Roi et la Reine étant al­lés à une de leurs mai­sons de plai­sance, il ar­riva que la jeune prin­cesse cou­rant un jour dans le châ­teau,
et mon­tant de chambre en chambre, alla jus­qu’au haut du don­jon dans un pe­tit ga­le­tas, où une bonne vieille était seule à fi­ler sa que­nouille.
Cette bonne femme n’avait point ouï par­ler des dé­fenses que le Roi avait faites de fi­ler au fu­seau.
«Que faites-vous là, ma bonne femme? dit la Prin­cesse.
– Je file, ma belle en­fant, lui ré­pon­dit la vieille qui ne la connais­sait pas.
– Ha! que cela est joli! re­prit la Prin­cesse; com­ment faites-vous? Don­nez-moi que je voie si j’en fe­rais bien au­tant.»
Elle n’eut pas plus tôt pris le fu­seau,
que comme elle était fort vive, un peu étour­die, et que d’ailleurs l’ar­rêt des fées l’or­don­nait ain­si, elle s’en per­ça la main, et tom­ba éva­nouie.
La bonne vieille, bien em­bar­ras­sée, crie au se­cours: on vient de tous cô­tés;
on jette de l’eau au vi­sage de la Prin­cesse, on la dé­lace, on lui frappe dans les mains,
on lui frotte les tempes avec de l’eau de la reine de Hon­grie; mais rien ne la fai­sait re­venir.
Alors le Roi, qui était mon­té au bruit, se souvint de la pré­dic­tion des fées,
et ju­geant bien qu’il fal­lait que cela ar­ri­vât, puisque les fées l’avaient dit,
fit mettre la Prin­cesse dans le plus bel appar­te­ment du palais, sur un lit en bro­de­rie d’or et d’ar­gent.
On eût dit d’un ange, tant elle était belle: car son éva­nouis­se­ment n’avait pas ôté les cou­leurs vives de son teint:
ses joues étaient in­car­nates, et ses lèvres comme du co­rail;
elle avait seule­ment les yeux fer­més, mais on l’en­ten­dait res­pi­rer dou­ce­ment: ce qui fai­sait voir qu’elle n’était pas morte.
Le Roi or­don­na qu’on la lais­sât dormir en re­pos, jus­qu’à ce que son heure de se ré­veiller fût ve­nue.
La bonne fée qui lui avait sau­vé la vie, en la condam­nant à dormir cent ans,
était dans le royaume de Ma­ta­quin, à douze mille lieues de là, lorsque l’acci­dent ar­riva à la Prin­cesse;
mais elle en fut aver­tie en un instant par un pe­tit nain, qui avait des bottes de sept lieues
(c’était des bottes avec les­quelles on fai­sait sept lieues d’une seule en­jam­bée).
La fée par­tit aus­si­tôt, et on la vit au bout d’une heure ar­ri­ver dans un cha­riot tout de feu, traî­né par des dra­gons.
Le Roi lui alla pré­sen­ter la main à la descente du cha­riot.
Elle ap­prou­va tout ce qu’il avait fait; mais comme elle était gran­de­ment pré­voyante,
elle pensa que quand la Prin­cesse vien­drait à se ré­veiller, elle se­rait bien em­bar­ras­sée toute seule dans ce vieux châ­teau. Voi­ci ce qu’elle fit.

Originalausgabe
2011 Deutscher Taschenbuch Verlag GmbH & Co. KG, München

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eBook ISBN 978-3-423-41953-6 (epub)
ISBN der gedruckten Ausgabe 978-3-423-09407-8

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