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La Grenadière est une petite habitation située sur la rive droite de la Loire,
en aval et à un mille environ du pont de Tours.
En cet endroit, la rivière, large comme un lac, est parsemée d’îles vertes
et bordée par une roche sur laquelle sont assises plusieurs maisons de campagne, toutes bâties en pierre blanche,
entourées de clos de vigne et de jardins où les plus beaux fruits du monde mûrissent à l’exposition du midi.
Patiemment terrassés par plusieurs générations, les creux du rocher réfléchissent les rayons du soleil,
et permettent de cultiver en pleine terre, à la faveur d’une température factice, les productions des plus chauds climats.
Dans une des moins profondes anfractuosités qui découpent cette colline s’élève la flèche aiguë de Saint-Cyr, petit village duquel dépendent toutes ces maisons éparses.
Puis, un peu plus loin, la Choisille se jette dans la Loire par une grasse vallée qui interrompt ce long coteau.
La Grenadière, sise à mi-côte du rocher, à une centaine de pas de l’église, est un de ces vieux logis âgés de deux ou trois cents ans
qui se rencontrent en Touraine dans chaque jolie situation.
Une cassure de roc a favorisé la construction d’une rampe qui arrive en pente douce sur la levée,
nom donné dans le pays à la digue établie au bas de la côte pour maintenir la Loire dans son lit,
et sur laquelle passe la grande route de Paris à Nantes.
En haut de la rampe est une porte, où commence un petit chemin pierreux, ménagé entre deux terrasses,
espèces de fortifications garnies de treilles et d’espaliers, destinées à empêcher l’éboulement des terres.
Ce sentier pratiqué au pied de la terrasse supérieure,
et presque caché par les arbres de celle qu’il couronne, mène à la maison par une pente rapide,
en laissant voir la rivière dont l’étendue s’agrandit à chaque pas.
Ce chemin creux est terminé par une seconde porte de style gothique, cintrée, chargée de quelques ornements simples
mais en ruines, couvertes de giroflées sauvages, de lierres, de mousses et de pariétaires.
Ces plantes indestructibles décorent les murs de toutes les terrasses,
d’où elles sortent par la fente des assises, en dessinant à chaque nouvelle saison de nouvelles guirlandes de fleurs.
En franchissant cette porte vermoulue, un petit jardin,
conquis sur le rocher par une dernière terrasse dont la vieille balustrade noire domine toutes les autres,
offre à la vue son gazon orné de quelques arbres verts et d’une multitude de rosiers et de fleurs.
Puis, en face du portail, à l’autre extrémité de la terrasse, est un pavillon de bois appuyé sur le mur voisin,
et dont les poteaux sont cachés par des jasmins, des chèvrefeuilles, de la vigne et des clématites.
Au milieu de ce dernier jardin, s’élève la maison sur un perron voûté,
couvert de pampres, et sur lequel se trouve la porte d’une vaste cave creusée dans le roc.
Le logis est entouré de treilles et de grenadiers en pleine terre, de là vient le nom donné à cette closerie.
La façade est composée de deux larges fenêtres séparées par une porte bâtarde très-rustique,
et de trois mansardes prises sur un toit d’une élévation prodigieuse relativement au peu de hauteur du rez-de-chaussée.
Ce toit à deux pignons est couvert en ardoises. Les murs du bâtiment principal sont peints en jaune;
et la porte, les contrevents d’en bas, les persiennes des mansardes sont vertes.
Honoré de Balzac
La Grenadière / Die Grenadière
Zweisprachige Ausgabe
Übersetzt von Hugo Kaatz
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